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Les bases fondamentales d’homosapiens

La pression évolutive a façonné notre génome au travers les vies de nos ancêtres qui ont su développer de nombreuses aptitudes pour répondre à des environnements hostiles et difficiles, comme par exemple : le froid extrême des différentes ères glaciaires, la privation de nourriture, la prédation des autres espèces…etc. Ainsi, avant de passer de la force à l’intelligence, notre physiologie a dû s’adapter aux ressources disponibles et évoluer au diapason de l’éco-système.

En posant un regard évolutionniste, nous retrouvons les bases fondatrices indispensables dans notre quotidien d’homme moderne. C’est une ressource informationnelle indispensable permettant de clarifier des choix d’hygiène de vie adaptés au vrai besoin de notre espèce.

Avant de commencer la lecture de cet article, je précise que ces informations ne sont pas la vérité absolue, celles que j’évoques ici sont issues d’un consensus scientifique actualisé, ce sont les meilleurs hypothèses à ce jour au regard des dernières recherches anthropologiques.

Séparation de la lignée avec les chimpanzés

Les tout premiers ancêtres des humains ont divergé des grands singes et évolué pour devenir des bipèdes érigés.

Il y a 65 millions d’années, à la suite de l’extinction des dinosaures, la terre semble vide et aride. De nombreuses niches écologiques sont libres pour les mammifères qui étaient principalement des petits rongeurs.

Ils auront alors l’espace suffisant pour pouvoir se développer, évoluer et atteindre des tailles plus importantes, comme le proconsul il y a 15 à 20 millions d’années, jusqu’au dernier ancêtre commun avec l’homme, le chimpanzé, il y a 6 à 7 millions d’années. C’est alors que la lignée des hominidés se distingue, se séparant ainsi de la lignée des gorilles puis des chimpanzés.

La lignée des chimpanzés se sépare aussi en deux pour donner le « chimpanzé commun » d’une part et « le bonobo » d’autre part, c’est à partir de cette classification que l’on dit que le chimpanzé est l’espèce la plus proche de nous et que l’on a avec eux un dernier ancêtre commun. Leur régime alimentaire était principalement des fruits et probablement quelques petits animaux et insectes.

Début de la bipédie de nos ancêtres primates

Les descendants de ces premiers ancêtres, les australopithèques, ont développé des adaptations pour rechercher et consommer une large gamme d’aliments autres qu’une majorité de fruits.

Il y a 5 millions d’année un très important refroidissement planétaire survient, ce qui va entrainer une grosse sécheresse réduisant la forêt équatoriale. Pour les primates évoluant au cœur de la jungle rien ne change, en revanche pour ceux qui se trouvent à la lisière de la forêt, ils se retrouvent de plus en plus exposés à la savane arborée.

Ces primates vont donc devoir développer d’autres stratégies pour s’alimenter dans ce nouveau milieu.

Ces différentes stratégies donneront naissances à toute une série d’australopithèque, 8 au total, comme la célèbre « Lucy » (Australopithèque afarensis) qui vécut en Afrique entre environ 3,9 et 2,9 millions d’années.

Nos ancêtres primates se nourrissent alors principalement de fruits, complétés ponctuellement par des œufs, des insectes, et des petits animaux. La sècheresse progressant et les arbres diminuants, ils commencèrent alors peu à peu à descendre au sol pour trouver de la nourriture et développer en conséquence une marche plus efficace.

A ce moment-là, ils commencèrent à se nourrir de tubercules, de racines et bulbes (partie souterraine des plantes comme la betterave, la patate douce, …), ces aliments très énergétiques vont ainsi leur permette de survivre dans ce nouvel environnement.

Cependant pour les trouver il faut forcement aller au sol et se déplacer beaucoup plus que dans les arbres, c’est à partir de ce moment là que se développe la bipédie.

La dépense énergétique de la bipédie est beaucoup plus faible que les primates à quatre pattes, ils vont alors pouvoir se déplacer d’avantage et plus longtemps. Cette économie énergétique, vont leur permettre de trouver plus d’aliments pour leur survie, ce qui favoriser l’évolution de l’espèce.

Le principe de l’évolution est toujours une question de survie par rapport aux éléments disponibles et à l’environnement, ils n’ont pas cette possibilité d’acheter, comme dans notre société moderne, ce que l’on veut et ce que l’on aime. Ils sont contraints d’apprendre à exploiter les ressources disponibles leur permettant d’acquérir de plus en plus de compétences. Ces connaissances acquises au fil de leur existence seront intégrées dans le gêne des générations suivantes.

Evolution de notre système digestif

Pendant cette période, des profondes modifications physiologiques apparaissent, notamment au niveau du système digestif par rapport au grand singe : la taille du colon diminue x3 et la taille de l’intestin augmente x2.

Comparaison système digestif homme gorille

Source : Milton, K. (1989). Primate diets and gut morphology: implications for hominid evolution. In M. Harris & E. B. Ross (Eds.), Food and Evolution: Toward a Theory of Human Food Habits (p. 93). Temple University Press. Retrieved May 8, 2011

Rôle du système digestif

Pour comprendre ce changement, comprenons d’abord le rôle de notre système digestif, l’intestin grêle ou petit intestin sert à l’absorption de la plupart des nutriments (protéines, lipides, glucides et la plupart des vitamines et minéraux), c’est aussi là que se situe une grande partie du système immunitaire car l’intestin est la porte d’entrée du milieu extérieur vers l’intérieur du corps.

Il contient aussi une énergie importante, donnant la capacité au flux sanguins d’évacuer tous ces nutriments vers le colon qui absorbe le restant d’eau ainsi que les fibres végétales (cellulose par exemple) non digérées dans l’intestin. Ces fibres seront alors digérées par nos bactéries pour en extraire des acides gras à chaine courtes et produire aussi des vitamines, notamment la vitamine K.

De ce fonctionnement, on comprend mieux la raison de la nécessité pour nos ancêtres, les grands singes, d’avoir un gros colon afin de leur permettre la digestion des fruits très riches en fibres. D’autant qu’à cette époque ils sont bien différents de ceux que l’on trouvent chez le maraicher ou dans nos arbres.

En-effet, ces fruits n’ayant pas encore subis de croisement fait par l’homme, les fruits sont très fibreux, très amer, tout cela joue un rôle important dans la fermentation du colon.Laissons ce point de côté pour le moment et avançons un peu dans notre histoire …

Homo-Habilis et les premiers outils

Les tout premiers membres du genre humain ont développé des corps humains quasi modernes et des cerveaux légèrement plus volumineux (voir mon article sur l’évolution du cerveau) qui leur ont permis d’être les premiers chasseurs-cueilleurs.

Autour de -2,6 millions d’année, nous voici aux prémices de la lignée humaine avec l’arrivée d’Homo Habilis.

Il faut bien entendu comprendre que l’évolution n’est pas linéaire, c’est un embranchement avec de multiples tests, où certaines espèces survivront, et d’autres disparaitront. Les australopithèques poursuivront notamment leur lignée avec les paléanthropiens, qui auront choisi d’autres stratégies de survies par rapport à Homo.

En ces temps, la planète connait de nouveau un refroidissement brutal et un début de cycle de glaciation. Des calottes glaciaires se forment au nord et au sud, c’est autant d’eau en moins pour les océans et surtout aussi pour les précipitations qui donneront encore plus de sécheresse ce qui accentuera la diminution de la taille des savanes.

Il y a alors de moins en moins de sources alimentaires issues des arbres, et de plus en plus de risques mortels de famine. Trouver de quoi se nourrir est une question de survie, et à ce moment-là, des milliers d’herbivores succombent à cette sécheresse, et c’est le festin pour les charognards.

Comme les primates n’avaient pas de griffes ni de croc contrairement aux prédateurs, Homo-Habilis commença à développer les premiers outils permettant d’exploiter les carcasses animales ayant succombé à leur environnement.  

Homo-Habilis modifia pour sa survie son régime alimentaire en mangeant la moelle et la cervelle délaissées par les prédateurs, ou le reste des organes, voire les muscles quand ils en restaient. Ces aliments riches en graisses et beaucoup plus caloriques que les plantes (10x plus de calories dans 100 grammes de moelle que dans 100 grammes de fruit). Ils mangeront aussi plus tard les organes, comme le foie notamment, qui contient beaucoup de nutriments, de minéraux et de vitamine (comme la vitamine A) directement bio-disponible.

Nous comprenons dès lors la raison de la modification de l’intestin et du colon généré par la pression de survie. Étant donné que nos ancêtres mangent beaucoup moins de plantes et de fruits, et que ces aliments sont digérés en grandes parties par le colon, les conditions évolutives provoquent alors son raccourcissement ainsi que l’allongement de l’intestin où les produits animaux sont digérés pratiquement exclusivement dans le grêle.  

Arrivée d’Homo-Erectus

Prospérant et se répandant sur une bonne partie de l’Ancien Monde, les chasseurs-cueilleurs humains archaïques ont développé des cerveaux encore plus volumineux et, plus lentement, des corps plus grands.

Il y a 1,8 millions d’années apparait une nouvelle espèce en Afrique de l’est, homo-Erectus, qui disparaitra il y a environ 150.000 ans. Sa physionomie est proche de l’homme moderne, ses dents et mâchoires sont plus petits due à une alimentation plus simple, et grâce aussi à l’utilisation des outils pour pré-mâcher la nourriture. Il a aussi un plus grand cerveau, qui a doublé de volume. C’est le premier chasseur/cueilleur, grâce aux outils qu’il développent pour chasser à contrario des griffes ou autres physionomies du monde animale.

Homo-Erectus va devenir un marcheur-coureur beaucoup plus performant et économique que ses ancêtres, voici ses évolutions majeures :

  • Perte de la fourrure et développement des glandes sudoripares pour évacuer la chaleur plus efficacement.
  • Epaississement de la cage thoracique pour avoir une meilleure oxygénation pulmonaire.
  • Augmentation de la pigmentation de la peau.

Homo-Erectus peut chasser de jour contrairement aux animaux et courir beaucoup plus longtemps grâce à ses glandes sudoripares, il peut épuiser les animaux pour les tuer.

Il deviendra alors un prédateur redoutable, cela ne l’empêchant pas de continuer à manger des plantes sauvages avoisinantes ainsi que des coquillages et mollusques pour ceux qui vivent proche de zone d’eau.

L’homme moderne, Homosapiens

Les humains modernes ont développé des aptitudes particulières au langage, à la culture et à la coopération qui nous ont permis de nous disperser rapidement sur tout le globe et de devenir la seule espèce d’humain survivante de la planète.

Il y a 350.000 ans environ c’est l’apparition de l’homosapiens, l’homme moderne. Migrant hors de l’Afrique , il se retrouvera vers -50.000 ans nez à nez en Europe avec l’homme de Néandertal mais aussi avec un autre genre homo, les Dénisoviens originaires d’Asie.

On ne sait les raisons pour lesquels Néandertal a disparu, mais à partir du moment où l’homosapiens c’est suffisamment répandu sur le territoire, l’homme de Neandertal se retrouva isolé et disparut, probablement par un manque de brassage génétique.

Les derniers représentants ont été identifiés autour de Gibraltar il y a 30.000 ans. Toutefois, aujourd’hui nous retrouvons leur présence dans le génome des européens (3 à 4% de gênes communs), ceux qui confirme qu’il y a eu reproduction entre espèce. Notamment aussi avec les Dénisoviens.

L’alimentation du chasseur-cueilleur

L’un ne va pas sans l’autre : suivant les saisons ou les succès, il faut la chasse et la cueillette pour avoir toujours de quoi manger. Au nord il y aura une consommation plus grasse avec les animaux, car il fait plus froid, au sud, ce sera plutôt des plantes sauvages.

On consomme une grande variété de plantes (hors zone très froides) : entre 80 et 100 espèces végétales sur l’année. Ce sont des plantes forcément sauvages et plus riches en nutriments que les variétés modernes. On consomme aussi des produits animaux terrestres, dans leur entièreté, pas de gaspillage, avec une grande importance des organes par rapport aux muscles. Pour ceux, qui habitent proche des côtes, ils consomment des produits marins (poissons, crustacés, coquillages, algues).

On retrouve une certaine flexibilité dans le ratio graisse/glucide : les populations dans les régions froides consomment la majorité de leurs calories sous forme de graisses animales alors que d’autres dans des régions tropicales mangent beaucoup plus de glucides sous forme de tubercules.

Ils chercheront toujours à obtenir une alimentation la plus riche en nutriments possible à partir des ressources locales disponibles.

L’activité physique de nos ancêtres

  • En moyenne ils sont actifs 6 heures /jour et marche entre de 9 à 15 km/jour surtout pour chercher de la nourriture en chassant, cueillant, creusant …etc
  • Beaucoup de mouvement différent : marcher, courir, creuser, porter … etc.
  • Mécanisme important de survie : leur énergie vitale. Dès que possible, ils sont en économie d’énergie en période faible activité, les périodes de repos sont importantes dans leur budget énergétique.

La révolution agricole

La Révolution agricole, quand les humains ont commencé à cultiver la terre au lieu de pratiquer la chasse et la cueillette.

Aux alentours de -12.000 ans, c’est la fin de la dernière période glaciaire, alors que les animaux devenaient encore plus petits, les humains devaient consacrer plus d’énergie à la chasse qu’ils ne pouvaient en récupérer. Leur consommation d’animaux diminue, ainsi que la coloration de leur peau.

La baisse de l’apport de vitamine D provenant principalement de la consommation animale a nécessité de synthétiser d’avantage de vitamine D à partir des rayonnements solaires et une peau plus blanche

C’est le moment de la révolution agricole, impliquant la domestication des animaux et des plantes. C’est le début de la culture de céréales au Moyen-Orient, puis en Chine, en Amérique centrale et du Sud, en Afrique subsaharienne et en Nouvelle-Guinée. L’homme domestique le blé, du riz, de l’orge, du maïs, des légumes secs.

Au fur et à mesure que les humains s’installent dans des colonies permanentes et deviennent des agriculteurs, la taille de leur cerveau commence à diminuer, jusqu’à son volume actuel compris entre 1300 et 1400 cm³. On commence aussi à constater une diminution de la taille moyenne des individus et le développement de caries. Vers -7500 ans, les individus perdent une dizaine de centimètre, des maladies arrivent, et les caries se développent.

La sédentarisation et apparition des premières maladies

Alors que les hommes jusqu’alors vivaient en bonnes santé, avec des causes de décès principalement dû à des infections causées par des plaies, ou des morts en couche, l’homme sédentaire développe les premières maladies, dont les causes possibles sont les suivantes :

  • Perte de la diversité nutritionnelle (elles viennent que de quelques céréales) dû à la sédentarité.
  • Les individus mangent moins de viande, car ils vont moins à la chasse, les animaux d’élevage sont gardés plus longtemps par économie et pour avoir leur lait notamment.
  • Ils sont exposés plus facilement à la famine, étant soumis aux aleas de l’environnement, une gelée tardive pouvait mettre à mal toute leur récolte.
  • La proximité avec les animaux d’élevage sont générateurs de maladie et d’épidémie.
  • Les céréales sont riches en sucre et très riches en acide pythique, un anti-nutriment qui diminue l’absorption des minéraux.
  • Ils font aussi moins d’activité physique.

La révolution industrielle

La Révolution industrielle, qui a démarré quand nous avons commencé à utiliser des machines pour remplacer le travail humain.

Puis nous voilà arrivé à l’époque moderne avec le raffinage des céréales, des huiles, l’explosion du sucre, et notre changement de relation avec les animaux, la nature. Tout ça avec encore moins d’activité physique pour optimiser l’hygiène de vie et c’est l’explosion des maladies modernes. L’espérance de vie augmente certes, mais l’espérance de vie en bonne santé diminue (autour de 62 ans).

On n’est pas du tout habitué !

La sélection naturelle favorise les caractères des individus qui sont capables de se reproduire, le degré de fertilité reste alors un très bon indicateur de santé d’une espèce, or, nous constatons une montée de l’infertilité depuis 50 ans (à cause notamment des carences et des divers polluants de notre vie moderne).

Que dire de la théorie du gène qui nous informe que physiologiquement nous n’avons quasiment pas changé depuis le paléolithique alors que notre mode de vie est radicalement différent…

A l’échelle d’une année civile, voilà où nous sommes :

  • 1 janvier à minuit : apparition d’Homo-Erectus, le 1er vrai chasseur-cueilleur
  • 20 novembre : apparition d’homosapiens
  • 30 décembre dans la matinée : invention de l’agriculture
  • 31 décembre à 23h15 : début de l’ère industrielle

Tout a changé, beaucoup trop rapidement, pour que l’on puisse s’adapter.

Rien en biologie n’a de sens, si ce n’est à la lumière de l’évolution1

Theodosius Dobjansky

On comprend dès lors que cette citation du plus grand généticien du siècle dernier prend tout son sens et qu’il est indispensable de ne pas perdre le contact avec notre histoire évolutive, les principes de bases de la naturopathie et de l’hormèse nous les enseignent, il ne tient qu’à chacun de nous de les (re)découvrir.


Références :

  1. Dobzhansky, T. (1973), « Nothing in biology makes sense except in the light of evolution », The American Biology Teacher, 35 : 125-29. []

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